C’est quoi l’agilité émotionnelle ?
L’agilité émotionnelle, Susan David
Les émotions sont omniprésentes dans notre vie. Certains préfèrent les réprimer, d’autres les vivent au contraire beaucoup trop fortement… L’agilité émotionnelle va permettre à l’individu de vivre l’instant présent, en accord avec ses propres intentions et ses valeurs.
L’idée ne sera pas d’ignorer ses émotions ou pensées toxiques, mais à les accueillir avec bienveillance, à les affronter avec compassion et à les dépasser !
Devenir agile émotionnellement n’est pas si simple, surtout si l’on n’y est pas habitué ! Mais ce processus passe par 4 étapes : l’accueil de ses émotions, la prise de recul, l’affirmation de soi et l’action.
Accueil des émotions
Accueillir ses pensées, ses émotions et ses comportements avec curiosité et bienveillance. Certaines de ces pensées et émotions sont valides et appropriées à l’instant présent. D’autres sont des fragments de pensées, qui tournent en boucle dans votre cerveau.
Dans les deux cas, qu’il s’agisse de reflets fidèles à la réalité ou de distorsions nuisibles, ces pensées et émotions font partie de vous et vous devez apprendre à vous en servir pour poursuivre votre route.
Prise de recul
Une fois que vous avez accueilli vos pensées et émotions, vous allez devoir vous en détacher et les observer afin de les voir simplement pour ce qu’elles sont : de simples pensées, de simples émotions.
Ce recul va vous permettre de créer un espace ouvert, non moraliseur, entre vos sentiments et vos réactions. Vous pouvez identifier les sentiments nuisibles au moment où vous les éprouvez afin de trouver des réactions plus appropriées. Une observation détachée vous évite de vous laisser contrôler par vos expériences mentales passagères.
Affirmation de soi
A présent, vous allez pouvoir vous concentrer sur qui vous êtes vraiment, vos valeurs, vos objectifs.
Accueillir, accepter, puis prendre vos distances par rapport aux choses qui vous effrayent ou vous font du mal vous permettront de vous engager sur le long terme, en développant notamment des pensées et des sentiments liés aux valeurs et aux aspirations, et vous aideront à trouver d’autres moyens d’y parvenir.
Tous les jours, vous prenez des milliers de décisions. Vos valeurs essentielles sont les boussoles qui vous maintiennent dans la bonne direction.
Poursuivre sa route
De petits ajustements délibérés, imprégnés de vos valeurs, peuvent radicalement changer votre vie. C’est particulièrement vrai pour les habitudes qui, par des répétitions quotidiennes, sont de grands leviers de changement.
Vous allez également devoir trouver l’équilibre parfait entre la difficulté et vos compétences pour n’être ni bloqués ni débordés, mais stimulés et enthousiasmés par les nouveaux défis.
Le piège de l’hameçon
Susan David prend l’exemple très simple de cette chansonnette bien connue…
Si je vous dis une souris… Vous allez me dire instinctivement : « verte » ! Le mot vous est directement venu à l’esprit. Il est presque inévitable de mordre à l’hameçon, car nous réagissons très souvent par réflexe !
L’hameçon, c’est cette situation du quotidien (une discussion, une interaction redoutée…). On y ajoute notre réaction automatique : une remarque sarcastique, on se renferme, on s’en va, on boude…
Ces réactions automatiques sont totalement inutiles ! Et nous sommes pris au piège. Comme avec la souris verte, le résultat sera tout autant prévisible : l’hameçon s’agite sous notre nez et on y mord sans la moindre hésitation !
Le piège fonctionne dès que l’on considère nos pensées comme des faits avérés !!! Par exemple : « Je ne suis pas bon dans ce domaine. J’échoue toujours ». Vont s’en suivre de l’évitement, des débats intérieurs… qui vont vous conduire à l’erreur, mais aussi à l’épuisement. Rajoutons à cela une bonne dose d’émotion et nos scénarios, même ceux, ou surtout ceux fictifs en fait, vont décupler de force !
Découvrons ci-dessous les 4 pièges les plus répandus : les justifications infondées, l’esprit de singe, les idées dépassées et la moralité mal avisée !
Piège n°1 : justifications infondées
« Comme j’avais peur de me mettre dans l’embarras, je me suis tenue à l’écart pendant toute la fête ».
L’individu va justifier ses actions (ou inactions) par ses pensées. Quand vous commencez à chercher des justifications infondées, il n’y a pas suffisamment d’espace entre les stimulus et la réponse, pour vous donner la possibilité d’exercer de réels choix.
Les pensées prises isolément ne provoquent pas de comportements. Les histoires anciennes ne causent pas de comportements. Nous causons nous-mêmes nos comportements.
Piège n°2 : esprit de singe
« L’esprit de singe » est une expression provenant du domaine de la méditation. Elle décrit ce bavardage intérieur incessant qui passe constamment du coq-à-l’âne (tel le singe qui se balance de branche en branche).
Prenons un exemple : vous venez de vous disputer avec votre partenaire. Sur le trajet pour aller au travail, votre tête est en surchauffe, vous anticipez et vous créez un dialogue intérieur où vous prévoyez vos futurs échanges à venir. Vous allez anticiper ce qu’il va dire et vous préparez à l’avance vos réponses. Arrivé au travail, vous êtes épuisé par votre dispute (qui n’était qu’imaginaire, encore !).
Quand nous sommes en mode « esprit de singe », nous avons tendance à noircir le tableau, à exagérer des broutilles. On y perd énormément d’énergie, et de temps ! Mais en plus de ça, en imaginant des drames, on n’est pas dans l’instant présent ! On ne laisse pas à notre esprit l’espace NEUTRE dont il aurait besoin pour imaginer, plutôt, des solutions utiles.
Ce type d’esprit est obnubilé par le passé (« je ne pourrai jamais lui pardonner ce qu’il m’a dit ») et se projette sans cesse dans le futur (« j’ai hâte de lui dire tout ce que j’ai sur le cœur, il va voir !!! »).
Piège n°3 : idées dépassées
Les évènements que l’on a vécu durant notre enfance, adolescence, ou à un instant T ne concernaient que cette période, cet instant, ce moment. Seulement, quand ces évènements sont trop fort, il arrive que l’on se construise avec des idées bien arrêtées qui dicteront le reste notre vie. De cette façon, on se comporte comme si l’on vivait jour après jour le traumatisme que l’on a vécu par le passé. Dans ces moments-là, il est bon de faire preuve d’agilité émotionnelle afin de s’adapter aux circonstances actuelles qui sont radicalement différentes et bien souvent, beaucoup plus positive. Les anciens schémas de pensées que l’on se traine sont généralement bien dépassé et ne nous sont plus d’aucun secours aujourd’hui.
Piège n°4 : moralité mal avisée
Vous êtes en train de vous disputer avec votre partenaire, et vous sentez enfin que le pire est passé, que les esprits se calment. Mais il y a ce quelque chose qui vous pousse à donner un dernier argument, prouvant que c’est vous qui aviez raison (et que votre partenaire avait tort, évidemment !) et c’est reparti pour un tour !
Ce besoin de devoir valider votre cause peut vous voler de nombreux moments de votre vie si vous persistez !
L’agilité émotionnelle consiste à prendre conscience, à accepter toutes nos émotions, et à tirer des leçons, même des plus toxiques. Cela signifie aussi qu’il faut dépasser les réactions cognitives et émotionnelles conditionnées ou préprogrammées (les pièges dans lesquels vous vous enfermez vous-même) pour vivre dans l’instant présent avec une vision claire des circonstances actuelles, pour y répondre de façon adaptée, davantage en conformité avec vos valeurs profondes.
John Milton résuma : « L’esprit est à soi-même sa propre demeure ; il peut faire en soi un Ciel de l’Enfer, un Enfer du Ciel ».
Savoir prendre du recul
Il n’est pas toujours évident de savoir prendre du recul face à une situation. Bien souvent, on fonce tête baissée, en restant sur nos réactions automatiques, et on part au clash !
Pourtant, prendre du recul nous permet de voir les choses sous un autre angle, ce qui nous permet de comprendre ce qui est en jeu et de prendre de meilleures décisions. La prise de recul peut également nous aider à gérer notre stress et notre anxiété !
Mais alors, comment faire ?
Il faut bien être conscient déjà qu’on ne change pas du jour au lendemain ! Voyez un peu quelles sont ces affirmations catégoriques que vous avez en tête et qui reviennent automatiquement (par exemple : « je suis nul en sport », « je suis mauvais en math »…). Ces affirmations ne sont que des histoires, elles ne sont pas votre destinée !
L’humour est une bonne méthode pour prendre du recul car il vous force à voir de nouvelles possibilités. Trouvez un côté risible à votre attitude, à une situation, cela vous aidera à l’accepter et à maintenir vos distances.
Il est nécessaire de changer de point de vue : essayez de regarder votre problème au travers des yeux d’un autre.
Lorsque vous vous sentez pris au piège, identifiez cette pensée pour ce qu’elle est (UNE PENSEE) et cette émotion pour ce qu’elle est (UNE EMOTION). Vous n’êtes pas obligé d’accepter l’opinion exprimée par votre pensée ou votre émotion !
Les valeurs
Les valeurs sont des croyances, des principes fondamentaux qui vont guider nos actions, nos comportements. On les acquiert généralement à partir de notre éducation, notre culture, notre religion et nos expériences de vie.
Elles ont un rôle important de notre vie, car elles nous aident à prendre des décisions, à établir des priorités et à orienter nos actions.
Nos valeurs évoluent au fil du temps, la vie, les évènements font qu’elles peuvent changer et notre perception de ce qui est important évolue.
Vous ne savez pas trop quelles sont vos valeurs ? Voici quelques questions afin de vous aider à les identifier :
- Qu’est ce qui est important au plus profond de vous ?
- Quelles relations est-ce que vous aimeriez construire ?
- A quoi vous aimeriez que votre vie ressemble ?
- En général, comment est-ce que vous vous sentez ? Dans quels types de situations est-ce que vous vous sentez le plus vivant ?
- Si un miracle se produisait et que toute l’anxiété et tout le stress disparaissaient de votre vie, à quoi ressemblerait votre existence ? Quels nouveaux aspects est-ce que vous privilégieriez ?
Les réponses à ces questions peuvent vous aider à définir les principes fondamentaux de votre existence.
La question à se poser n’est pas de savoir si une chose est bonne ou mauvaise, mais plutôt quel est le lien avec la façon dont vous voulez mener votre vie. Quand vous savez ce qui a de l’importance pour vous, vous pouvez vous détacher des choses qui n’en ont pas.
Découvrons ci-dessous les caractéristiques des valeurs et un exemple de valeurs liées à la parentalité.
Les valeurs
Vous les choisissez librement ; elles ne vous sont pas imposées.
Ce ne sont pas des objectifs : elles sont continues.
Elles vous guident au lieu de vous limiter.
Elles sont actives.
Elles vous permettent de vous rapprocher de la façon dont vous voulez mener votre existence.
Elles vous affranchissent des comparaisons sociales.
Elles favorisent l’acceptation de soi.
Surtout, une valeur peut vous servir. Elle vous aide à vous orienter dans la bonne direction.
Susan David évoque l’exemple de la parentalité. « Je veux être un bon parent, c’est important pour moi ». D’accord, mais en quoi cela consiste pour vous ? C’est cette question qui est importante, et non pas la conformité dans laquelle vous allez essayer de vous fondre afin d’être « un bon parent » selon la société.
Posez-vous ces questions : Qu’est-ce que je veux que les gens voient quand ils me voient avec mon enfant ? Qu’est ce que je verrais si je les observais moi-même ? Est-ce que mon comportement est raisonnablement cohérent, quelle que soit la situation ? Est-il en conformité avec mes convictions à propos de ce qu’est un bon parent ?
L’agilité émotionnelle chez les enfants
L’expression des émotions chez l’enfant est un processus important pour leur développement émotionnel et social. Leurs émotions sont exprimées généralement de manière spontanée, sans inhibition, et c’est pour cela qu’ils ont besoin de soutien et d’orientation afin d’apprendre à les comprendre, les gérer et à les communiquer de la meilleure des manières possibles.
L’enfant qui va se sentir libre d’exprimer toutes ses émotions sans crainte d’être puni ou sans éprouver le besoin de se censurer pourra vivre de façon harmonieuse avec elles.
Il va comprendre que les émotions sont éphémères, qu’elles passent, et qu’elles n’exigent pas forcément une action.
Il va comprendre aussi que les émotions ne font pas peur. Elles sont imposantes, peuvent paraitre méchantes, mais l’enfant est plus grand qu’elles.
Enfin, il comprendra également que les émotions sont formatrices. Elles contiennent des informations qui l’aidera à comprendre ce qui est important pour lui et pour les autres.
Reconnaitre et accepter les sentiments de son enfant sans le gronder ne signifie pas que vous devrez tolérer des colères ou des comportements irrationnels. En apprenant à votre enfant à nommer l’émotion, à prendre du recul et à mettre de la distance entre la pulsion et l’action, vous lui montrerez que même s’il n’a pas besoin de refréner ses sentiments, son comportement doit parfois être contenu.
Ce n’est jamais évident, surtout lors de grosse crise, mais pour le parent comme pour l’enfant, le simple fait d’être présent pose les bases pour que l’enfant puisse prendre du recul et empêcher à ses émotions de prendre le dessus.
L’autonomie chez l’enfant
L’autonomie est un facteur clé de l’épanouissement et elle est essentielle pour le développement moral de l’enfant. L’autonomie est synonyme d’indépendance, d’autogestion. En termes psychologiques, une personne autonome vit en accord avec ses choix. Un comportement n’est pas autonome s’il est motivé par le pression sociale, les mauvaises habitudes, la compulsion ou des émotions perturbées. Des actions réellement autonomes sont celles que l’on maitrise entièrement et auxquelles on adhère pleinement, sans contrainte extérieure ou de la part de ses propres pulsions incontrôlées.
Afin d’encourager l’autonomie chez votre enfant, voici quelques petits conseils :
Acceptez-le tel qu’il est vraiment plutôt que de lui imposer d’être qui vous aimeriez qu’il soit.
Donnez-lui vraiment le choix lorsque cela est possible (cela ne veut pas dire céder à tous ses caprices évidemment !).
Donnez-lui les raisons pour les décisions que vous avez prises.
N’abusez pas des récompenses !
Il est essentiel que votre enfant trouve des motivations voulues et non pas qui dépendent des récompenses à venir ! Les enfants élevés dans le marchandage (ou à l’inverse, dans un environnement presque militaire) ne développent pas d’autonomie solide, sont moins heureux, réussissent moins et ont des relations moins satisfaisantes.
En encourageant son autonomie, vous aidez votre enfant à développer ses valeurs personnelles. Et c’est grâce à elles et à la valeur qu’il leur accorde qu’il pourra découvrir ses raisons et motivations profondes, qui le conduiront à un véritable épanouissement.
Quand vous encouragez votre enfant à trouver des solutions par lui-même, il acquiert l’autonomie qui l’aidera à explorer le monde, ainsi que la notion de responsabilité.
Evidemment, si votre enfant est confronté à un danger immédiat, vous interviendrez… Et remettrez à plus tard l’apprentissage de l’autonomie !
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